INTOLÉRANCES&PARALYSIE

« Comprendre, comprendre, comprendre, guérir, guérir, guérir, comprendre – guérir, guérir, comprendre, gai – rire, con – prendre, con – prendre, gai – rire. Je reprends mon con en riant, sous la douche, je laisse couler l’humiliation collective, sur la table de la cuisine qu’elle a défoncée, je nettoie le parmesan mordu — après avoir vu sa chute, je n’ai plus d’illusion sur la mienne. » Extrait

Et si… comprendre l’autre était la seule chose vraiment importante ? 

Anouk Werro, accompagnée par l’équipe du Théâtre des Osses durant trois saisons dans le cadre du Projet Esquisse, soutien à l’émergence, s’empare du dispositif classique du huis clos pour en faire un espace de tensions, à la croisée du théâtre psychologique, du drame social et de la performance critique. 

Une jeune femme, Louise, vit en colocation dans la banlieue de Londres, dans une grande et très belle maison. Un jour, à son retour, elle découvre la porte entrouverte. Depuis le couloir, elle aperçoit la cuisine saccagée : nourriture renversée, micro-ondes fracassé et frigo ouvert. Elle pense à un cambriolage, mais un bruit étrange, un ronflement, la conduit à une scène inattendue. Monika, la femme de ménage, est étendue sur la table…

Louise oscille entre intolérances et paralysie ; elle est témoin impuissante d’une perte de maîtrise qui fait vaciller ses certitudes. Entre poésie et frénésie, sa parole donne vie à une pensée éclatée qui fantasme le point de vue de Monika. Louise devient plurielle et rejoue les faits, inlassablement, dans une tentative de percer les logiques d’enfermement social, les asymétries de classe, les rôles imposés.

À travers ce huis clos domestique, porté par un humour noir acéré, Anouk Werro met en scène l’impossibilité d’une rencontre pleine et entière, et nous confronte à la question : peut-on jamais vraiment comprendre l’autre ?