VOUS AVEZ DIT CLASSIQUE?
Sur la scène du Théâtre des Osses en 2023, Figaro lançait : « Ma foi, monsieur, les hommes n’ayant guère à choisir qu’entre la sottise et la folie, où je ne vois pas de profit, je veux au moins du plaisir ; et vive la joie ! Qui sait si le monde durera encore trois semaines ? » Cette phrase, écrite en 1775 par Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais dans son Barbier de Séville résonnait déjà puissamment il y a deux ans. Que dire de sa pertinence aujourd’hui?
Dans un monde où l’incertitude est la norme, où la langue s’appauvrit parce que vouée aux slogans au vocabulaire restreint, quand nous voyons les idéaux s’effilocher au profit des pressions financières, quand en un mot comme en cent le monde marche sur la tête, il est bon de se rappeler que si l’avenir nous fait peur, la beauté n’est jamais très loin.
C’est pourquoi cette saison nous vous invitons encore à nous rejoindre autour d’elle, celle du texte, de l’être ensemble, de l’intelligence qui sont les valeurs que continue de défendre le Théâtre des Osses avec l’humilité, la précision, l’exigence, la nuance qui sont nos guides et notre cadeau envers vous chaque fois renouvelé.
Cette saison 2025-2026, dédiée aux classiques du théâtre, n’est pas un regard nostalgique en arrière. Avant, ce n’était pas forcément mieux, c’était simplement différent.
Nous convoquerons sur le plateau de notre grand petit théâtre deux auteurs classiques, Shakespeare revisité avec joie et effronterie par l’Efrangeté et la metteure en scène Sylviane Tille, Molière et son Misanthrope, pièce magistrale s’il en est, et nous inviterons deux artistes d’aujourd’hui, Anouk Werro qui aboutira son compagnonnage de trois ans avec le Théâtre des Osses par son projet engagé et libertaire Intolérances&Paralysie et François Gremaud, seul en scène, avec Aller sans savoir où qui déroulera sous nos yeux toutes les volutes de la création théâtrale.
Que l’on soit d’avant ou d’aujourd’hui, que l’on aime les mots ou leur sens, que nous importe la beauté des images ou l’impact des propos, que l’on cherche une bouffée d’air ou une bouffée de sens, le théâtre sera toujours le lieu de la rencontre et de la tolérance. Fédor Dostoïevski écrivait en 1874 dans son roman L’idiot « La beauté sauvera le monde ». Et si nous osions aujourd’hui répondre par l’affirmative?
Anne Schwaller
Directrice